Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/186

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& vous remplirez les états de révoltes & de diſſenſions.

Mais il ne ſuffit pas d’offrir aux peuples un ſouverain qu’ils ne puiſſent pas méconnoître. Il faut que ce ſouverain les rende heureux ce qui eſt impoſſible en Ruſſie, à moins qu’on n’y change la forme du gouvernement.

L’eſclavage, quelque ſens qu’on veuille donner à cette expreſſion, eſt l’état dans lequel eſt tombée toute la nation. Parmi les ſujets, qu’on regarde comme libres dans cet empire, il n’en eſt aucun qui ait la sûreté morale de ſa perſonne, la propriété conſtante de ſes biens, une liberté qu’il ne puiſſe perdre que dans des cas prévus & déterminés par la loi.

Sous un tel gouvernement, il ne ſauroit exiſter de lien entre les membres & leur chef. S’il eſt toujours redoutable pour eux, toujours ils ſont redoutables pour lui. La force publique, dont il abuſe pour les écraſer, n’eſt que le produit des forces particulières de ceux qu’il opprime. Le déſeſpoir ou un ſentiment plus noble peuvent, à chaque inſtant, les tourner contre lui.

Le reſpect qu’on doit à la mémoire de