Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/203

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ſuade qu’elle ſait tout, ou que la choſe qu’elle ignore ne vaut pas la peine d’être appriſe. Elle ne fait aucun progrès dans les ſciences ; & ſes arts perſiſtent dans une médiocrité dont ils ne ſe tireront que par un haſard que le tems peut amener ou ne pas amener. Il en eſt alors d’une contrée comme d’un cloître ; & c’eſt une image très-juſte de la Chine que la lumière environne, ſans pouvoir y percer : comme s’il n’y avoit aucun moyen d’en bannir l’ignorance, ſans y laiſſer entrer la corruption. Où en ſeroient les nations de l’Europe, ſi infectées d’une vanité maſquée de quelque préjugé, elles ne s’étoient éclairées réciproquement ? Celle-ci doit à celle-là le germe de la liberté ; l’une & l’autre à une troiſième, les vrais principes du commerce ; & cette eſpèce d’échange eſt bien d’une autre importance pour leur bonheur que celui de leurs denrées.

XXV. Commerce des Européens avec la Chine.

Les premiers Européens, que leur inquiétude pouſſa vers les côtes de la Chine, furent admis indiſtinctement dans toutes les rades de l’empire. Leur extrême familiarité avec les femmes ; leurs violences avec les hommes ; des actes répétés de hauteur & d’indiſcré-