Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/210

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les eaux ſont mal-ſaines & de mauvais goût. De tous les moyens qu’on imagina pour les améliorer, il n’y eut que le thé qui eut un ſuccès entier. L’expérience lui fit attribuer d’autres vertus. On ſe perſuada que c’étoit un excellent diſſolvant, qui purifioit le ſang, qui fortifioit la tête & l’eſtomac, qui facilitoit la digeſtion & la tranſpiration.

La haute opinion que les premiers Européens qui pénétrèrent à la Chine ſe formèrent du peuple qui l’habite, leur fit adopter l’idée, peut-être exagérée, qu’il avoit du thé. Ils nous communiquèrent leur enthouſiaſme, & cet enthouſiaſme a été toujours en augmentant dans le nord de l’Europe & de l’Amérique, dans les contrées où l’air eſt groſſier & chargé de vapeurs.

Quelle que ſoit en général la force des préjugés, on ne peut guère douter que le thé ne produiſe quelques heureux effets chez les nations qui en ont le plus univerſellement adopté l’uſage. Ce bien ne doit pas être pourtant ce qu’il eſt à la Chine même. On ſait que les Chinois gardent pour eux le thé le mieux choiſi & le mieux ſoigné. On ſait qu’ils mêlent ſouvent au thé qui ſort