Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/211

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ſort de l’empire d’autres feuilles, qui, quoique reſſemblantes pour la forme, peuvent avoir des propriétés différentes. On ſait que la grande exportation qui ſe fait du thé, les a rendus moins difficiles ſur le choix du terrein, & moins exacts pour les préparations. Notre manière de le prendre, ſe joint à ces négligences, à ces infidélités.

Nous le buvons trop chaud & trop fort. Nous y melons toujours beaucoup de ſucre, ſouvent des odeurs, & quelquefois des liqueurs nuiſibles. Indépendamment de ces conſidérations, le long trajet qu’il fait par mer ſuffiroit pour lui faire perdre la plus grande partie de ſes ſels bienfaiſans.

On ne pourra juger définitivement du thé, que lorſqu’il aura été naturalisé dans nos climats. On commençoit à déſeſpérer du ſuccès, quoique les expériences n’euſſent été tentées qu’avec des graines qui étant d’une nature très-huileuſe ſont ſujettes à rancir. M. Linné, le plus célèbre botaniſte de l’Europe, reçut enfin cet arbriſſeau germant, & il parvint à le conſerver hors des ſerres, en Suède même. Quelques pieds ont été depuis portés dans la Grande-Bretagne, où ils vivent, fleuriſſent