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Histoire philosophique
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Nous porterons dans cette diſcuſſion l’impartialité d’un homme, qui n’a dans cette cauſe d’autre intérêt que celui du genre humain.

L’ignorance ou la mauvaiſe foi corrompent tous les récits. La politique ne juge que d’après ſes vues ; le commerce que d’après ſes intérêts. Il n’y a que le philoſophe qui ſache douter ; qui ſe taiſe, quand il manque de lumières ; & qui diſe la vérité, quand il ſe détermine à parler. En effet, quelle récompenſe, aſſez importante à ſes yeux, pourroit le déterminer à tromper les hommes & à renoncer à ſon caractère ? La fortune ? il eſt aſſez riche, s’il a de quoi ſatiſfaire à ſes beſoins ſingulièrement bornés. L’ambition ? s’il a le bonheur d’être ſage, on peut lui porter envie ; mais il n’y a rien ſous le ciel qu’il puiſſe envier. Les dignités ? on ne les lui offrira pas, il le ſait ; & on les lui offriroit, qu’il ne les accepteroit pas ſans la certitude de faire le bien. La flatterie ? il ignore l’art de flatter, & il en dédaigne les mépriſables avantages. La réputation ? en peut-il obtenir autrement que par la franchiſe ? La crainte ? il ne craint rien, pas même de mourir. S’il eſt jetté