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Histoire philosophique
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d’étoffes inconnues autrefois dans nos climats occupent aujourd’hui nos meilleurs arrières, n’eſt-ce pas de l’Inde que nous tenons tous ces avantages ?

Allons plus loin, & ſuppoſons que nous ne devons aucun encouragement, aucune connoiſſance à l’Aſie, la conſommation que nous faiſons de ſes marchandiſes n’en doit pas nuire davantage à notre induſtrie. Car avec quoi les payons-nous ? N’eſt-ce pas avec le prix de nos ouvrages portés en Amérique ? Je vends à un Eſpagnol pour cent francs de toile, & j’envoye cet argent aux Indes. Un autre envoie aux Indes la même quantité de toile en nature. Lui & moi en rapportons du thé. Eſt-ce qu’au fond notre opération n’eſt pas la même ? Eſt-ce que nous n’avons pas également converti en thé une valeur de cent francs en toile ? Nous ne différons, qu’en ce que l’un fait ce changement par deux procédés, & que l’autre le fait par le moyen d’un ſeul. Suppoſez que les Eſpagnols au lieu d’argent me donnent d’autres marchandiſes dont l’Inde ſoit curieuſe : eſt-ce que j’aurai diminué les travaux de la nation quand j’aurai porté ces marchandiſes aux Indes ?