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Histoire philosophique
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leur a vu conquérir, ou ſe faire céder par des négociations artificieuſes, un terrein plus étendu qu’aucune puiſſance Européenne n’en avoit jamais poſſédé dans l’Indoſtan.

Les Anglois, plus ſages, n’ont travaillé à s’agrandir, qu’après avoir dépouillé les François, & lorſqu’aucune nation rivale ne pouvoit les traverſer. La certitude de n’avoir enfin que les naturels du pays à combattre, les a déterminés à porter leurs armes dans le Bengale. C’étoit la contrée de l’Inde qui devoit leur fournir le plus de marchandiſes propres pour les marchés d’Aſie & d’Europe, celle qui devoit le plus conſommer de leurs manufactures, celle enfin, qu’à la faveur d’un grand fleuve, leur pavillon pouvoit le plus aisément tenir dans leur dépendance. Ils ont vaincu, & ils ſe flattent de jouir long-tems du fruit de leurs victoires.

Leurs ſuccès, ceux des François, ont confondu toutes les nations. On comprend ſans peine comment des iſles abandonnées à elles-mêmes, ſans aucune liaiſon avec leurs voiſins, ſans avoir ni l’art, ni les moyens de ſe défendre, ont pu être ſubjuguées. Mais des victoires remportées de nos jours, dans