Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Histoire philosophique
266

le continent, par cinq ou ſix cens Européens, ſur des armées innombrables de Gentils & de Mahométans, inſtruits la plupart dans les arts de la guerre, cauſent un étonnement dont on ne revient pas. Les eſprits devroient être cependant préparés de loin à ces étranges ſcènes.

À peine les Portugais parurent dans l’Orient, qu’un petit nombre de vaiſſeaux & de ſoldats y bouleversèrent les royaumes. Il ne fallut que l’établiſſement de quelques comptoirs, la conſtruction de quelques forts, pour abattre les puiſſances de l’Inde. Lorſqu’elles ceſſèrent d’être opprimées par les premiers conquérans, elles le furent par ceux qui les chaſſoient & les remplaçoient. L’hiſtoire de ces délicieuſes contrées, ceſſa d’être l’hiſtoire des naturels du pays, & ne fut plus que celle de leurs tyrans.

Mais qu’étoit-ce donc que ces hommes ſinguliers, qui ne s’inſtruiſoient jamais à l’école du malheur & de l’expérience ; qui ſe livroient eux-mêmes, ſans défenſe, à leur ennemi commun ; qui n’apprenoient pas de leurs défaites continuelles, à repouſſer quelques aventuriers que la mer avoit comme