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Histoire philosophique
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tour aux armes, aux trahiſons, au poiſon, aux aſſaſſinats. La plupart des aventuriers qu’ils aſſocièrent à leurs haines & à leurs crimes, périrent au milieu de ces horreurs. Les ſeuls Marattes qui formoient une nation, qui épouſoient tantôt un parti, tantôt un autre, & qui avoient ſouvent des troupes dans tous, paroiſſoient devoir profiter de cette anarchie, & marcher à la ſouveraineté du Décan. Les Européens ont prétendu avoir un grand intérêt à traverſer ce deſſein profond, mais ſecret ; & voici pourquoi.

Les Marattes, ont-ils dit, ſont voleurs par les loix de leur éducation, par les principes de leur politique. Ils ne reſpectent point le droit des gens ; ils n’ont aucune connoiſſance du droit naturel, ou du droit civil ; ils portent par-tout avec eux la déſolation. Le ſeul bruit de leur approche fait un déſert des contrées les plus habitées. On ne voit que confuſion dans tous les pays qu’ils ont ſubjugués, & les manufactures y ſont anéanties.

Cette opinion fit penſer aux nations Européennes, prépondérantes à la côte du Coromandel, que de tels voiſins y ruineroient entièrement le commerce, & qu’il ne ſeroit