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Histoire philosophique
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changement que l’eſprit de diſcorde, qui nous agite, ne permet pas d’eſpérer ſi-tôt, convient-il à l’Europe de continuer le commerce des Indes, par des compagnies excluſives, ou de le rendre libre ? C’eſt la dernière queſtion qui nous reſte à examiner.

XXXV. L’Europe doit-elle rendre libre le commerce des Indes, ou l’exploiter par des compagnies excluſives ?

Si nous voulions la décider par des généralités, elle ne ſeroit pas difficile à réſoudre. Demandez ſi dans un état qui admet une branche de commerce, tous les citoyens ont droit d’y prendre part ; la réponſe eſt ſi ſimple, qu’elle n’eſt pas même ſuſceptible de diſcuſſion. Il ſeroit affreux que des ſujets, qui partagent également le fardeau des chaînes ſociales & des dépenſes publiques, ne participâſſent pas également aux avantages du pacte qui les réunit ; qu’ils euſſent à gémir, & de porter le joug de leurs inſtitutions, & d’avoir été trompés en s’y ſoumettant.

D’un autre côté, les notions politiques ſe concilient parfaitement avec ces idées de juſtice. Tout le monde ſait que c’eſt la liberté qui eſt l’âme du commerce, & qu’elle eſt ſeule capable de le porter à ſon dernier