Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/358

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à de petites maſſues, ou plutôt à de gros bâtons, dont le coup devoit être rarement mortel, ne rendoient pas ce peuple bien redoutable.

Il étoit composé de différentes claſſes, dont une s’arrogeoit une eſpèce de nobleſſe ; mais on ſait peu quelles étoient les prérogatives de cette diſtinction, & ce qui pouvoit y conduire. Ce peuple ignorant & ſauvage, avoit auſſi des ſorciers, enfans ou pères de la ſuperſtition.

Colomb ne négligea aucun des moyens qui pouvoient lui concilier ces inſulaires. Mais il leur fit ſentir auſſi, que ſans avoir la volonté de leur nuire, il en avoit le pouvoir. Les effets ſurprenans de ſon artillerie, dont il fît des épreuves en leur préſence, les convainquirent de ce qu’il leur diſoit. Les Eſpagnols leur parurent des hommes deſcendus du ciel ; & les préſens qu’ils en recevoient, n’étoient pas pour eux de ſimples curioſités, mais des choſes ſacrées. Cette erreur étoit avantageuſe. Elle ne fut détruite par aucun acte de foibleſſe ou de cruauté. On donnoit à ces ſauvages des bonnets rouges, des grains de verre, des épingles, des couteaux, des