elle devenoit un dieu. Ce jour-là, une foule innombrable de peuple, se rendoit dans le temple. Les prêtres découpoient la statue. Ils en donnoient un morceau à chacun des assissans, qui le mangeoit, & se croyoit sanctifié après avoir mangé son dieu.
Il vaut mieux manger des dieux que des hommes : mais les Mexicains immoloient aussi des prisonniers de guerre dans le temple du dieu des batailles. Les prêtres, dit-on, mangeoient ensuite ces prisonniers, & en envoyoient des morceaux à l’empereur & aux principaux seigneurs de l’empire.
Quand la paix avoit duré quelque tems, les prêtres faisoient dire à l’empereur que les dieux avoient faim ; & dans la seule vue de faire des prisonniers, on recommençoit la guerre.
À tous égards, cette religion étoit atroce & terrible. Toutes ses cérémonies étoient lugubres & sanglantes. Elle tenoit sans çesse l’homme dans la crainte. Elle devoit rendre les hommes inhumains, & les prêtres tout puissans.
On ne peut faire un crime aux Espagnols d’avoir été révoltés de ces absurdes barbaries :