Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/416

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à bout ? Ç’auroit été un homme d’un grand ſens que le ſauvage qui, voyant pour la première fois un de nos grands édifices, l’auroit admiré, non comme l’œuvre de notre force & de notre induſtrie, mais comme un phénomène extraordinaire de la nature qui auroit élevé d’elle-même ces colonnes, percé ces fenêtres, posé ces entablemens & préparé une ſi merveilleuſe retraite. C’eût été la plus belle des cavernes que les montagnes lui euſſent encore offertes.

Dépouillons le Mexique de tout ce que des récits fabuleux lui ont prêté, & nous trouverons que ce pays, fort ſupérieur aux contrées ſauvages que les Eſpagnols avoient juſqu’alors parcourues dans le Nouveau-Monde, n’étoit rien en comparaiſon des peuples civilisés de l’ancien continent.

L’empire étoit ſoumis à un deſpotiſme auſſi cruel que mal combiné. La crainte, cette grande roue des gouvernemens arbitraires, y tenoit lieu de morale & de principes. Le chef de l’état étoit devenu peu-à-peu une eſpèce de divinité ſur laquelle les plus téméraires n’oſoient porter un regard, & dont les plus imprudens ne ſe ſeroient pas permis de