Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/429

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dieux dans les temples tous les priſonniers ; qu’à la mort de chaque empereur, de chaque cacique, de chaque grand, un nombre de victimes proportionné à leur dignité étoit immolé ſur leur tombe ; qu’un goût dépravé faiſoit généralement négliger les femmes ; que les mères nourriſſoient de leur propre lait leurs enfans durant quatre ou cinq années, & ceſſoient de bonne heure d’être fécondes ; que les peuples gémiſſoient par-tout & ſans relâche ſous les vexations du fiſc ; que des eaux corrompues, que de vaſtes forêts couvroient les provinces ; que les aventuriers Eſpagnols eurent plus à ſouffrir de la diſette que de la longueur des marches, que des traits de l’ennemi.

Comment concilier des faits, certifiés par tant de témoins, avec cette exceſſive population ſi ſolemnellement atteſtée dans vos orgueilleuſes annales ? Avant que la ſaine philoſophie eût fixé un regard attentif ſur vos étranges contradictions ; lorſque la haine qu’on vous portoit faiſoit ajouter une foi entière à vos folles exagérations, l’univers, qui ne voyoit plus qu’un déſert dans le Mexique, étoit convaincu que vous aviez préci-