Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/448

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ſort plus funeſte ; & pour ſe dérober à leurs poignards, pour ſe ſouſtraire à leurs intrigues, il ſe réfugie en Angleterre, abandonnant les rênes du gouvernement à qui voudra ou pourra s’en ſaiſir. Cette retraite plonge encore la province dans de nouveaux malheurs ; & ce n’eſt qu’après dix ans d’anarchie & de carnage, que tout rentre enfin dans l’ordre & la ſoumiſſion.

Eſt-il rien de plus abſurde que cette autorité des moines en Amérique ? Ils y ſont ſans lumières & ſans mœurs ; leur indépendance y foule aux pieds leurs conſtitutions & leurs vœux ; leur conduite eſt ſcandaleuſe ; leurs maiſons ſont autant de mauvais lieux, & leurs tribunaux de pénitence autant de boutiques de commerce. C’eſt-là que, pour une pièce d’argent, ils tranquilliſent la conſcience du ſcélérat ; c’eſt-là qu’ils inſinuent la corruption au fond des âmes innocentes, & qu’ils entraînent les femmes & les filles dans la débauche ; ce ſont autant de ſimoniaques qui trafiquent publiquement des choſes ſaintes. Le chriſtianiſme qu’ils enſeignent eſt ſouillé de toutes ſortes d’abſurdités. Captateurs d’héritages, ils trompent, ils volent,