Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/529

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s’il lui plaiſoit de diſparoitre. Rien de ſi commun dans les villes que les mauvais pères. Il n’y en a point au fond des forêts. Plus les ſociétés ſont opulentes, & plus il y a de luxe, moins la voix du ſang s’y fait entendre. Le dirai-je ? La sévérité de notre éducation, la variété, ſa durée, ſes fatigues aliènent la tendreſſe de nos enfans. Il n’y a que l’expérience qui les réconcilie avec nous. Nous ſommes obligés d’attendre long-tems la reconnoiſſance de nos ſoins & l’oubli de nos réprimandes. Le ſauvage n’en entendit jamais dans la bouche de ſes parens. Jamais il n’en fut châtié. Lorſqu’il ſut frapper l’animal dont il avoit à ſe nourrir, il n’eut preſque plus rien à apprendre. Ses paſſions étant naturelles, il les ſatiſfait ſans redouter l’œil des ſiens. Mille motifs contraignent nos parens à s’oppoſer aux nôtres. Croit-on qu’il n’y ait point d’enfant parmi nous à qui le déſir de jouir promptement d’une grande fortune ne faſſe trouver la vie de leurs pères trop longue ? J’aimerois à me le perſuader. Le cœur du ſauvage à qui ſon père n’a rien à laiſſer eſt étranger à cette eſpèce de parricide.

Dans nos foyers, les pères âgés radotent