Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/530

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ſouvent au jugement de leurs enfans. Il n’eſt eſt pas ainſi dans la cabane du ſauvage. On y parle peu, & l’on y a une haute opinion de la prudence des pères. Ce ſont leurs leçons qui ſuppléent au défaut d’obſervations ſur les ruſes des animaux, ſur les forêts giboyeuſes, ſur les côtes poiſſonneuſes, ſur les ſaiſons & ſur les tems propres à la chaſſe & à la pêche. Le vieillard raconte-t-il quelques particularités de ſes guerres ou de ſes voyages ? rappelle-t-il les combats qu’il a livrés, les périls qu’il a courus, les embûches qu’il a évitées ? s’élève-t-il à l’explication des phénomènes les plus ſimples de la nature ? le ſoir, dans une nuit étoilée, à l’entrée de la cabane, leur trace-t-il du doigt le cours des aſtres qui brillent au-deſſus de leur tête, d’après les connoiſſances bornées qu’il en a ? il eſt admiré. S’il ſurvient une tempête, quelque révolution ſur la terre, dans les airs, ſur les eaux, quelque événement agréable ou fâcheux ? tous s’écrient, notre père nous l’avoit prédit ; & la ſoumiſſion pour ſes conſeils, la vénération pour ſa perſonne en ſont augmentés. Lorſqu’il approche de ſes derniers momens, l’inquiétude & la douleur ſe
peignent