Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/78

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depuis cette époque, la population, dont la treizième partie ſeulement habite les villes, ne s’eſt pas accrue, qu’elle a même rétrogradé ; & c’eſt la misère, ce ſont les maladies épidémiques qu’il faut accuſer de ce malheur.

Le nombre des habitans ſeroit plus grand en Suède, ſi elle n’étoit continuellement abandonnée, & ſouvent ſans retour, par un grand nombre de ceux qui y ont pris naiſſance. On voit dans tous les pays des hommes qui, par curioſité, par inquiétude naturelle & ſans objet déterminé, paſſent d’une contrée dans une autre : mais c’eſt une maladie qui attaque ſeulement quelques individus, & ne peut être regardée comme la cauſe générale d’une émigration confiante. Il y a dans tous les hommes un penchant à aimer leur patrie, qui tient plus à des cauſes morales qu’à des principes phyſiques. Le goût naturel pour la ſociété ; des liaiſons de ſang & d’amitié ; l’habitude du climat & du langage ; cette prévention qu’on contracte ſi aisément pour le lieu, les mœurs, le genre de vie auxquels on eſt accoutumé : tous ces liens attachent un être raiſonnable à des contrées où il a reçu le jour & l’éducation. Il faut de puiſſans motifs pour