Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/270

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très-eſcarpées, d’une hauteur prodigieuſe & couvertes de neiges auſſi anciennes que le monde. Ces difficultés ne rebutèrent pas le général ; & il ſe décida pour le dernier paſſage, par la ſeule raiſon qu’il étoit le moins long. Son ambition coûta la vie à cent cinquante Eſpagnols & à dix mille Indiens : mais enfin il atteignit le terme qu’il s’étoit proposé, & y fut reçu avec une ſoumiſſion entière par les peuples anciennement dépendans du trône qu’on venoit de renverſer. La terreur de ſes armes lui auroit fait obtenir vraiſemblablement de plus grands avantages, ſi des intérêts particuliers ne lui euſſent fait déſirer de ſe retrouver au centre de l’empire. Sa petite armée refuſa de repaſſer les Cordelières. Il fallut la ramener par la voie qui avoit été d’abord négligée ; & les haſards furent ſi heureux, qu’elle ſouffrit beaucoup moins qu’on ne l’avoit craint. Ce bonheur étendit les vues d’Almagro, & le précipita peut-être dans les entrepriſes où il trouva une fin tragique.

Les Eſpagnols reparurent au Chili en 1541. Valdivia, qui les conduiſoit, y pénétra ſans réſiſtance. Mais les nations qui l’habitoient