Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/389

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lement 55 084 450 liv. de ſes provinces du Nouveau-Monde. Cependant toutes ces richeſſes n’entrent pas dans les caiſſes royales de la métropole. Une partie eſt employée dans les iſles Eſpagnoles de l’Amérique, pour des dépenſes de ſouveraineté, & pour la conſtruction des vaiſſeaux ou pour l’achat du tabac.

XXIX. Principes deſtructeurs ſur leſquels l’Eſpagne fonda d’abord ſes liaiſons avec le Nouveau-Monde.

À peine l’Eſpagne avoit découvert cet autre hémiſphère, qu’elle eut l’idée d’un ſyſtême inconnu aux peuples de l’antiquité, & que les nations modernes ont depuis adopté, celui de s’aſſurer de toutes les productions de ſes colonies & de leur approviſionnement entier. Dans cette vue, on ne ſe contenta pas d’interdire à ces nouveaux établiſſemens, ſous des peines capitales, toute liaiſon étrangère ; le gouvernement pouſſa la rigueur juſqu’à rendre toute communication entre eux impraticable, juſqu’à leur défendre d’envoyer aucun de leurs navires dans le lieu de leur origine. Cet eſprit de jalouſie ſe manifeſta dans la métropole même. Il y fut d’abord permis, à la vérité, de partir de différens ports : mais les retours devoient tous ſe faire à Séville. Les richeſſes que cette