Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/428

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ſubſiſté ou groſſi, à proportion de l’ignorance & de la ſenſibilité. Elle aura enfanté le culte des élémens qui font les grands ravages ſur la terre, tels que ſont les déluges, les incendies, les pertes ; le culte des animaux ſoit venimeux, ſoit voraces, mais toujours nuiſibles ; le culte des hommes qui ont fait les plus grands maux à l’homme, des conquérans, des heureux fourbes, des faiſeurs de prodiges apparens, bons ou mauvais ; le culte des êtres inviſibles, que l’imagination ſuppoſe cachés dans tous les inſtrumens du mal. L’étude de la nature & la méditation auront inſenſiblement diminué le nombre de ces êtres, & l’eſprit humain ſe ſera élevé de l’idolâtrie au théiſme : mais cette dernière idée ſimple & ſublime, ſera toujours reſtée informe dans les eſprits groſſiers, & mêlée d’une foule d’erreurs & de fantômes.

La révélation perfectionnoit la doctrine d’un être unique ; & il alloit s’établir peut-être une religion plus épurée, ſi les barbares du Nord, qui innondèrent les provinces de l’empire Romain, n’euſſent apporté des préjugés ſacrés qu’on ne pouvoit chaſſer que par d’autres fables. Le chriſtianiſme vint ſe