Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/467

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dans toutes les ſaiſons & mortel durant ſix mois de l’année pour des hommes accoutumés à un ciel tempéré, creuſeroit plus ou moins rapidement leur tombeau.

Quand même, contre toute probabilité, la conquête ſeroit achevée, peut-on penſer que les Eſpagnols Américains, idolâtres par goût, par pareſſe, par ignorance, par habitude, par orgueil, de leur religion & de leurs loix, ne romproient pas, un peu plutôt un peu plus tard, les fers dont on les auroit chargés ? Que ſi, pour prévenir la révolution, on ſe déterminoit à les exterminer, ce cruel expédient ne ſeroit pas moins inſensé en politique qu’horrible en morale ? Le peuple qui ſe ſeroit porté à cet excès de barbarie ne pourroit tirer parti de ſes nouvelles poſſeſſions qu’en leur ſacrifiant ſa population, ſon activité, ſon induſtrie, & avec le tems toute ſa puiſſance.

Tant d’obſtacles à l’envahiſſement de l’Amérique Eſpagnole avoient, dit-on, fait naître en Angleterre durant les dernières hoſtilités, un ſyſtême étonnant pour le vulgaire. Le projet de cette puiſſance, alors maîtreſſe de toutes les mers, étoit de s’emparer de la