Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/60

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fondé ſur une confiance mutuelle entre le ſouverain & les peuples ; confiance qui étoit le fruit des bienfaits du prince, de la protection conſtante qu’il accordoit à tous ſes ſujets, & de l’intérêt ſenſible qu’ils avoient à lui être ſoumis.

Un pyrroniſme, quelquefois outré, qui a ſuccédé à une crédulité aveugle, a voulu depuis quelque tems jeter des nuages ſur ce qu’on vient de lire des loix, des mœurs, du bonheur de l’ancien Pérou. Ce tableau a paru à quelques philoſophes l’ouvrage de l’imagination naturellement exaltée de quelques Eſpagnols. Mais entre les deſtructeurs de cette partie brillante du Nouveau-Monde, y avoit-il quelque brigand aſſez éclairé, pour inventer une fable ſi bien combinée ? Y avoit-il quelqu’un d’aſſez humain pour le vouloir, quand même il en auroit été capable ? N’auroit-il pas été retenu par la crainte d’augmenter la haine que tant de dévaſtations attiroient à ſa nation dans l’univers entier ? Ce roman n’auroit-il pas été contredit par une foule de témoins qui auroient vu le contraire de ce qu’on publioit avec tant d’éclat ? Le témoignage unanime des écrivains contemporains,