Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/194

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intéreſſées qu’elle-même à ſa conſervation. Cet aveuglement leur fit croire qu’elles pouvoient tout haſarder : & leur avidité oſa franchir encore les privilèges qu’on leur avoit ſi mal-à-propos prodigués. L’induſtrie Portugaiſe fut entièrement écrasée par cette concurrence. Une faute du miniſtère de France la releva un peu.

Cette couronne poſſedoit depuis aſſez longtems quelques iſles en Amérique. Les entraves, dont on les avoit enveloppées, avoient étouffé juſqu’alors leur fertilité. Une liberté bien dirigée y auroit infailliblement & rapidement animé les cultures. On préféra d’aſſurer au monopole qui les tenoit aſſervies, l’approviſionnement excluſif du royaume, & les ſucres, les tabacs du Bréſil y furent sévèrement interdits en 1664. La cour de Liſbonne aigrie, comme elle devoit l’être, par cette prohibition inconſidérée, défendit de ſon côté l’entrée des manufactures Françoiſes les ſeules qui euſſent à cette époque de la faveur dans le Portugal. Gênes s’empara auſſi-tôt de la fourniture des ſoieries qu’elle a depuis toujours conſervée ; l’Angleterre s’appropria celle des étoffes de laine, mais