Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/341

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nuls avantages naturels, & l’autre n’en avoit que de médiocres, avoient ſaiſi de bonne heure les vrais principes du commerce, & les avoient ſuivis avec plus de persévérance que les différentes ſituations où elles s’étoient trouvées ne paroiſſoient le leur permettre. Le haſard des circonſtances ayant d’abord excité l’induſtrie de la plus pauvre, elle s’étoit vue rapidement égalée par ſa rivale dont le génie étoit plus ardent & les reſſources plus conſidérables. La guerre d’induſtrie, excitée par la jalouſie, dégénéra bientôt en combats vifs, opiniâtres & ſanglans. Ce n’étoient pas ſeulement des hoſtilités entre un peuple & un peuple, c’étoit une haine, c’étoit une vengeance de particulier à particulier. La néceſſité de ſe réunir, pour contenir, pour réprimer la France, ſuſpendit ces hoſtilités. Des ſuccès peut-être trop rapides, trop déciſifs, réveillèrent leur animoſité. Dans la crainte de travailler à l’agrandiſſement l’une de l’autre, elles renoncèrent à toute invaſion en Amérique. Enfin la reine Anne ayant ſaiſi le moment propice pour une paix particulière, elle ſe fit accorder des