Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/360

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de foibleſſe qui les contraint à ſupporter un deſpotiſme qu’elles ne demanderoient pas mieux que d’anéantir ? Si jamais il ſe formoit une alliance entre elles, comment une ſeule nation pourroit-elle réſiſter, à moins d’une faveur conſtante du deſtin ſur laquelle il ſeroit imprudent de compter ? qui eſt-ce qui a promis aux Anglois une proſpérité continue ? quand elle leur ſeroit aſſurée, ne ſeroit-elle pas trop payée, par la perte d’une tranquilité dont ils ne jouiroient jamais, & trop punie par les alarmes d’une jalouſie qui tiendroit leurs yeux inquiets perpétuellement ouverts ſur les mouvemens les plus légers des autres puiſſances ? Eſt-il bien glorieux, eſt-il bien doux, eſt-il bien avantageux & bien sûr à un peuple de régner au milieu des autres peuples, comme un ſultan au milieu de ſes eſclaves ? Un accroiſſement dangereux de la haine au-dehors, eſt-il ſuffiſamment compensé par le corrupteur accroiſſement de l’opulence au-dedans ? Anglois, l’avidité n’a point de terme, & la patience a le ſien, preſque toujours funeſte à celui qui la pouſſe à bout. Mais la paſſion du com-