Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/403

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qui croiſent le bien général, qui le déſhonoreront s’il s’y prête, ou qui l’expoſent s’il s’y refuſe ; à côté d’un ſouverain qui l’éloignera, ſi ſes ſujets révoltés s’obſtinent à le vouloir, & qui ne garantira pas ſa tête, s’ils portent la fureur juſqu’à la demander ; entre l’orgueil mal-entendu qui l’attache à ſa place, & une fierté digne d’éloges qui l’attache à ſa réputation ; ſeul, retiré dans ſon cabinet, délibérant ſur le parti qu’il doit prendre, au milieu des cris & du tumulte d’une populace dont ſa maiſon eſt entourée & qui menace de l’incendier. Telle eſt l’alternative où ſe ſont trouvés & où ſe trouveront encore ceux qui conduiſent les affaires dans les états libres. Il n’y a preſque pas une ſeule circonſtance dans ce monde où le bien ne ſe trouve entre deux inconvéniens. Le courage conſiſte à s’y conformer, au haſard de ce qui peut en arriver : mais ce courage eſt-il bien commun ?

Les miniſtres qui, en Angleterre, ne peuvent ſe ſoutenir contre le peuple, ou qui du moins ne luttent pas long-rems avec