Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/49

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crés dans le combat ou immolés après l’action, étoient conſervées très-précieuſement. On les montroit avec oſtentation, comme des monumens de valeur & de victoire. Les héros de ces nations féroces portoient leurs exploits gravés, ſur leurs membres par des inciſions qui les honoroient. Plus ils étoient défigurés, & plus leur gloire étoit grande.

VI. Aſcendant des miſſionnaires ſur les naturels du Bréſil, & ſur les Portugais, dans les premiers tems de la colonie.

Ces mœurs n’avoient pas diſposé les Bréſiliens à recevoir patiemment les fers dont on vouloit les charger : mais que pouvoient des ſauvages contre les armes & la diſcipline de l’Europe ? Un allez grand nombre avoit ſubi le joug, lorſqu’en 1549, la cour de Liſbonne jugea convenable d’envoyer un chef pour régler un établiſſement abandonné juſqu’alors aux fureurs & aux caprices de quelques brigands. En bâtiſſant San-Salvador, Thomas de Souza donna un centre à la colonie : mais la gloire de la faire jouir de quelque calme étoit réſervée aux Jéſuites qui l’accompagnoient. Ces hommes intrépides, à qui la religion ou l’ambition firent toujours entreprendre de grandes choſes, ſe diſpersèrent parmi les Indiens. Ceux de ces