Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/287

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L’eſpèce de ſolitude où elles ſont dans leurs habitations, leur donne une grande timidité, qui les embarraſſe dans le commerce du monde. Elles contractent de bonne heure, un défaut d’émulation & de volonté, qui les empêche de cultiver les talens agréables de l’éducation. Elles ſemblent n’avoir de force ni de goût que pour la danſe, qui les porte & les anime, ſans doute, à des plaiſirs encore plus vifs. Cet inſtinct de volupté les ſuit dans tous les âges ; ſoit qu’elles y retrouvent le ſouvenir, ou quelque ſenſation de leur jeuneſſe ; ſoit pour d’autres raiſons qui ne nous ſont pas connues.

De ce tempérament naît un caractère extrêmement ſenſible & compatiſſant pour les maux, juſqu’à ne pouvoir en ſupporter la vue : mais en même tems exigeant & sévère pour le ſervice des domeſtiques qui ſont attachés à leur perſonne. Plus deſpotiques, plus inexorables envers leurs eſclaves, que les hommes même, il ne leur coûte rien d’ordonner des châtimens, dont la vue ſeroit pour elles une punition & une leçon, ſi jamais elles en étoient les témoins.