Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/284

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& des revenus, exige une force qui les défende de l’invaſion, une police qui aſſure la liberté de les faire valoir. Tout ce qu’on paie pour le maintien de cet ordre public, eſt de droit & de juſtice ; ce qu’on lève de plus eſt extorſion. Or, toutes les dépenſes du gouvernement que la métropole fait pour les colonies, lui ſont payées par la contrainte qui leur eſt imposée, de ne cultiver que pour elle, & de la manière qui lui convient. Cet aſſujettiſſement eſt le plus onéreux des tributs, & devroit tenir lieu de tous les impôts.

On ſentira cette vérité, pour peu qu’on réfléchiſſe à la différence de ſituation qui ſe trouve entre l’ancien & le Nouveau-Monde. En Europe, la ſubſiſtance & les conſommations intérieures ſont le but principal du travail des terres & des manufactures : on ne deſtine à l’exportation que le ſuperflu. Dans les iſles, tout doit être envoyé au-dehors. La vie & les richeſſes y ſont également précaires.

En Europe, la guerre ne prive le manufacturier & le cultivateur que du commerce extérieur : la reſſource de l’intérieur leur reſte. Dans les iſles les hoſtilités anéantiſ-