Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/78

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avec la généroſité la plus illimitée & la plus touchante ſimplicité. Il entre dans la cabane du ſauvage ; il s’aſſied à côté de ſa femme & de ſes filles nues ; il partage leurs repas. La nuit, il prend ſon repos ſur un même lit. Au jour, on le charge de proviſions, on l’accompagne aſſez loin ſur ſa route, & l’on s’en sépare avec les démonſtrations de l’amitié. Mais cette ſcène d’hoſpitalité peut devenir ſanglante en un moment. Ce ſauvage eſt jaloux à l’extrême ; & au moindre ſigne de familiarité qui l’alarmeroit, on ſeroit égorgé.

Il faudroit commencer par aſſembler ces peuples toujours errans. Quelques préſens de leur goût, diſtribués à propos, rendroient cette première opération facile. On éviteroit, avec la plus ſcrupuleuſe attention, de réunir dans le même lieu celles de ces nations qui ont les unes pour les autres une averſion inſurmontable.

Ces peuplades ne ſeront pas formées au haſard. Il conviendra de les diſtribuer de manière à ſe procurer des facilités pour pénétrer dans l’intérieur du pays. À meſure que ces établiſſemens acquerront des forces, ils