Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/134

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vont ſe régaler d’écorces tendres des jeunes arbres. On garnit ces trappes de copeaux de bois fraîchement coupés ; & dès qu’ils y touchent, un poids énorme tombe & leur caſſe les reins. L’homme, caché dans un lieu voiſin, accourt, ſe jette ſur ſa proie, achève de la tuer & l’emporte.

D’autres ſortes de chaſſe ſont encore plus uſitées, & d’un plus grand ſuccès. Quelquefois on attaque les cabanes pour en faire ſortir les habitans, & l’on va les attendre au bord des trous qu’on a pratiqués dans la glace, parce qu’ils ont beſoin d’y venir reſpirer l’air. On prend ce moment pour leur caſſer la tête. D’autres fois l’animal chaſſé de ſon logement, tombe dans des filets dont on l’a environné tout autour, en briſant la glace à quelques toiſes de ſa cabane. Veut-on prendre la peuplade entière, au lieu de rompre les écluſes pour noyer les habitans, comme on pourroit le tenter en Hollande ; on ouvre la chauſſée pour laiſſer écouler l’eau de l’étang où les caſtors vivent. Reſtés à ſec, hors d’état de s’échapper ou de ſe défendre, on les prend à loiſir & à volonté, Mais on a ſoin d’en laiſſer toujours un certain