Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/309

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des milices des colonies, s’aſſembla ſur les ruines du fort George. Elle s’embarqua ſur le lac de ce nom, qui séparoit les colonies des deux nations, & ſe porta ſur Carillon, qui n’en étoit éloigné que d’une lieue.

Ce fort, qui venoit d’être bâti au commencement de la guerre, pour couvrir le Canada, n’avoit pas l’étendue convenable pour arrêter les forces qui l’alloient aſſaillir. On forma donc à la hâte, ſous le canon de la place, des retranchemens de troncs d’arbres couchés les uns ſur les autres, & l’on mit en avant de grands arbres renversés, dont les branches coupées & affilées, faiſoient l’effet de chevaux de frife. Les drapeaux étoient plantés ſur le ſommet des remparts, qui renfermoient trois mille cinq cens hommes.

Cet appareil formidable n’étonna pas les Anglois, réſolus à laver la honte qui terniſſoit depuis ſi long-tems la gloire de leurs armes, dans un pays où la proſpérité de leur commerce tenoit au ſuccès de leur bravoure. Le 8 juillet 1758, ils ſe précipitèrent ſur ces paliſſades avec la fureur la plus aveugle, inutilement on les foudroyoit du haut du pa-