Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/314

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çois, naiſſoit, dans ces nations, l’averſion la plus inſurmontable pour les Anglois. C’étoient, de tous les ſauvages Européens, les plus difficiles à apprivoiſer, ſi l’on en croyoit ceux de l’Amérique. La haine de ceux-ci devint bientôt une rage, une ſoif de ſang, quand ils virent leur tête miſe à prix ; quand ils ſe virent proſcrits ſur leur terre natale par des aſſaſſins étrangers. Les mêmes mains, qui, ſi long-tems, avoient enrichi la colonie Angloiſe du trafic des pelleteries, prirent la hache pour la détruire. Les ſauvages coururent à la chaſſe des Bretons comme à celle des ours. Ce ne fut plus la gloire, ce fut le carnage qu’ils cherchèrent dans les combats. Ils détruiſirent des armées que les François n’auroient voulu que vaincre. Leur fureur étoit ſi exaltée, qu’un priſonnier Anglois ayant été conduit dans une habitation écartée, la femme lui coupa auſſi-tôt un bras, & fit boire à ſa famille le ſang qui en dégoûtoit. Je veux, répondit-elle à un miſſionnaire jéſuite, qui lui reprochoit l’atrocité de cette action, je veux que mes enfans ſoient guerrière ; il faut donc qu’ils ſoient nourris de la chair de leurs ennemis.