Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/482

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La petite-vérole, qui eſt moins ordinaire mais plus meurtrière en Amérique qu’en Europe, cauſoit, en 1721, des ravages inexprimables à Maſſachuſet. Cette calamité fait penſer à l’inoculation. Pour prouver l’efficacité de cet heureux préſervatif, un médecin habile & courageux inocule ſa femme, ſes enfans & ſes domeſtiques ; il s’inocule lui-même. On l’inſulte ; on le regarde comme un monſtre vomi par l’enfer ; on le menace de l’aſſaſſiner. Ces fureurs n’ayant pas empêché un jeune homme très-intéreſſant de recourir à cette pratique ſalutaire, un ſcélérat ſuperſtitieux monte à ſa fenêtre durant la nuit, & jette dans la chambre une grenade remplie de matières combuſtibles.

Les citoyens les plus raiſonnables ne ſont pas révoltés de tant d’atrocités ; & leur indignation ſe porte ſur les eſprits hardis qui aiment mieux recourir au ſavoir des hommes que de s’en rapporter aux vues de la providence. Le peuple eſt affermi par ces diſcours inſensés dans la réſolution de ne pas ſouffrir une nouveauté qui doit attirer ſur l’état entier les infaillibles & terribles effets du courroux céleſte. Le magiſtrat qui craint une

sédition,