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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/57

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Il me regarda d’un air attendri qui m’émut jusqu’aux larmes.

— Nichina, je veux t’appeler Nichina, parce que personne ne t’a donné ce nom.

— Tu m’aimes donc un peu ? Tu ne m’as donc pas oubliée ?

Il me ferma la bouche d’un baiser.

— Vois-tu, il faut que tu viennes avec moi chez le cardinal et nous resterons ensemble et nous ne nous quitterons plus. Monseigneur Benzoni a justement besoin d’un page et l’on sera trop content de t’accepter.

— Mais qu’est-ce que je ferai chez le cardinal ?

— Ce que j’y fais moi-même : tu apprendras à bien lire et à chanter ; tu iras porter les lettres ; tu serviras à table : tu ne seras pas malheureuse.

— Et maman, qu’est-ce qu’elle dira ?

— Elle ne le saura pas. D’ailleurs, si, par hasard, elle venait à l’apprendre, elle en serait très fière.

— Comment le cardinal accepterait-il une petite fille ?

— Revêts des habits de garçon et personne ne pourra soutenir que tu n’es qu’une petite fille.

Je souris de cette naïveté, mais comme j’étais décidée à ne plus rentrer chez mes parents et à suivre partout Guido, j’acceptai sa proposition. Au risque d’être chassée honteusement, je convins avec lui de me rendre, dès que j’aurais un costume, au palais Benzoni. Je devais m’y présenter comme un orphelin qui, à cause de mauvais traitements, s’était enfui de chez son maître. Nous n’aurions pas l’air de nous être déjà vus.

En quittant Guido, j’allai trouver un jeune garçon du voisinage qui était à peu près de ma taille, et auquel je persuadai, par plaisanterie, d’échanger ses