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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


ironique ; j’admire, pour ma part, votre courage. Ah ! si la rosse était à moi, je la ferais marcher, avec une bonne rigoise pour lui éventer les fesses.

Mais que m’importaient maintenant Zinga, le docteur et le monde entier ! Antoinette était là, les roses revenaient à ses joues : je n’avais plus cette idée horrible de la mort qui m’avait accablée en entrant dans la plantation. J’oubliais même l’enlèvement d’Agathe, je ne pensais même pas aux angoisses ni au désespoir que devait éprouver sa pauvre mère.

— Où est Agathe ? m’avait demandé la chère enfant en reprenant connaissance.

— On l’a retrouvée, répondis-je ; ne vous effrayez pas. Soyez calme.

J’étais pourtant très inquiète, mais uniquement à cause de ma chérie. Qui avait pu ordonner cet enlèvement ? Ce n’était, certes pas l’amour qui l’avait inspiré, car pourquoi s’attaquer à ces deux malheureuses enfants ! Je me perdais en conjectures.

— S’ils veulent t’enlever, m’écriai-je, il faudra qu’ils m’enlèvent avec toi, car je ne te quitte plus.

Par le jardinier, je fis armer d’un fusil, et poster derrière les cacaoyers, deux nègres dont j’ai eu l’occasion d’éprouver la fidélité.

Si quelqu’un essaie d’entrer furtivement dans la maison, ils ont ordre de tirer.

De plus, Catherine et Marion vont transporter le lit d’Antoinette dans ma chambre, pour que je puisse mieux veiller sur mon enfant.

Je ne me fierai plus à personne, qu’à moi-même.