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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS

— Nous savons très bien ce qu’il en est, dit sentencieusement Samuel Goring.

— Par une calomnie de quelque négresse, sans doute.

— Nullement, répliqua Mme Du Plantier, et vous regretterez bientôt, madame, d’avoir rendu notre démarche si inutile. Quelle que soit notre amitié pour vous, nous devons considérer que le bonheur d’une jeune fille est chose trop précieuse pour que nous le sacrifiions. Nous allons déposer dès ce jour notre plainte.

— Et je déposerai aussi la mienne, dis-je, pour vos façons inquisitoriales et révoltantes.

— Vous verrez ce qu’il en coûte de subir une enquête, dit Mme Du Plantier.

— Surtout lorsqu’on a plus d’un reproche à s’adresser, ajouta Mme de Létang, en me saluant de son plus ironique sourire.

Je me souviens alors de ses confidences et de ses caresses perfides.

— Sortez d’ici, madame, fis-je avec colère, sortez, et vous aussi, parpaillot !

Goring se retourna vers moi, très calme en apparence.

— Une femme a changé la nature, prononça-t-il les yeux fermés, et le bruit de son iniquité est monté jusqu’au Juge pour la dénoncer et la perdre.

La Létang m’a calomniée même auprès de lui. Ils ne savent rien encore de Mme Lafon, mais une enquête peut leur révéler l’assassinat. Et d’ailleurs, n’ai-je