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JOURNAL D’UNE DAME CRÉOLE


ne veut pas venir, que Justin et Firmin l’amènent de force.

— Maîtresse, dit Zozo, Figeroux n’est pas là !

— Comment ! m’écriai-je, c’est ainsi que vous le gardiez ?

— Maîtresse, Figeroux disparu depuis deux jours.

Je songeai à la recommandation de Dodue.

— Dieu ! me dis-je, nous sommes au 10 août.

Mais éloignant ces craintes, ne songeant plus qu’à ma vengeance :

— Tu vas payer pour la fuite de Figeroux, dis-je à Zinga, et, en attendant qu’il rentre ici, avec un bâillon et enchaîné, sous les coups des noirs, entraînez-la. Vous l’attacherez solidement par les pieds et par les mains ; et vous préparerez, ce soir, des fouets pour la déchirer. Elle restera toute la nuit nue, exposée au vent froid ; demain le soleil brûlera ses blessures ; nous les rouvrirons encore, et cette fois on enduira ses plaies de miel, et l’on versera dans toutes les ouvertures de sa chair des cornets de sucre pour que les fourmis et les maringouins viennent aviver et multiplier son supplice. Ah ! oui, tu vas souffrir, Zinga !

À ces promesses de torture, la misérable voulut tenter un dernier effort et s’arracher à ses gardiens, mais inutilement. La lutte se termina par de cruelles lamentations qui ne cessèrent presque pas de la soirée ; interrompue une minute par des cris de douleur, elles reprirent de nouveau et proclamèrent que Zinga, vaincue, s’abandonnait corps et âme à ses