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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

Cicéron, que son nom ordinaire étoit une contraction de Juvans pater(75), font voir que, sous un autre rapport, il étoit le protecteur et le conservateur universel. L’étymologie de Cicéron montre l’idée qu’on avoit du caractère de ce dieu, quoiqu’il y ait lieu de douter de l’exactitude de cette étymologie. Nous savons que Callimaque l’implore comme le dispensateur de tout bien et de la sécurité contre l’affliction ; et puisque ni la richesse sans vertu, ni la vertu sans richesse, ne donnent un bonheur complet, en poëte sensé il demande l’une et l’autre. Une prière indienne qui auroit la richesse pour objet, seroit adressée à Lakchmî, épouse de Vichnou, parce que l’on croit que les déesses hindoues sont les facultés de leurs époux(76).

Quant à Couvêra(77), le Plutus indien, qui parmi ses noms a celui de Paulastya, il est, à la vérité, honoré comme un dieu libéral, qui réside dans le palais d’Alacâ, ou qui est porté dans le ciel sur un char éclatant nommé Pouchpaca ; mais il est évidemment subordonné, comme les sept autres génies, aux trois dieux principaux, ou plutôt au Dieu suprême, considéré dans ses trois attributs. À l’égard de l’ame du monde, ou de l’intelligence qui pénètre tout, si élégamment décrite par Virgile, plusieurs poètes latins, et entre autres, Lucain, avec beaucoup de sublimité, dans le fameux discours de Caton concernant l’oracle de Hammoji, représentent ainsi Jupiter : « Jupiter » est tout ce que nous voyons ; il est par-tout où nous dirigeons » nos pas. » Telle est précisément l’idée que les Indiens se font de Vichnou, suivant les quatre strophes ci-dessus. Ce n’est pas que les Brahmanes supposent que leur divinité mâle soit la divine essence du grand Dieu, qu’ils déclarent absolument incompréhensible ; mais comme le pouvoir de conserver les choses créées par une providence surveillante appartient éminemment à la Divinité, ils croient que ce pouvoir existe d’une manière transcendante dans le membre conservateur de la Trinité, qu’ils supposent exister continuellement par-tout, non substantiellement, mais en esprit et en énergie. Ici néanmoins je parle des Vaichnavas ; car les Saivas(78) assignent une sorte de prééminence à Sîva, dont je vais, en peu de mots, examiner les attributs.