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PRÉLIMINAIRE.

étoit peut-être une barrière contre la violence de l’océan ; au-delà l’intéressant pays du Tibet, et les vastes régions de la Tartarie, d’où sont sortis, comme du cheval poétique d’Ilion, tant de guerriers consommés, dont la puissance s’est étendue pour le moins des rivages de l’Ilissus aux embouchures du Gange. Sur votre gauche sont les belles et célèbres provinces de l’Irân[1] ou de la Perse, les déserts non mesurés et peut-être incommensurables de l’Arabie, et le royaume jadis florissant d’Yémèn, avec les îles riantes que les Arabes ont soumises ou qu’ils ont peuplées de leurs colonies ; plus loin vers l’ouest, les possessions asiatiques des sulthâns othomâns, dont le croissant paraît approcher rapidement de son déclin. Telle est la vaste circonférence du champ où vous allez moissonner : mais comme il a certainement existé d’anciennes relations entre l’Égypte et l’Inde, sinon entré l’Égypte et la Chine ; comme le langage et la littérature des Abyssins ont une affinité frappante avec ceux de l’Asie ; comme les Arabes ont dominé long-temps sur la côte africaine de la Méditerranée, et qu’ils ont même fondé une puissante dynastie sur le continent de l’Europe, vous aimerez quelquefois à suivre le courant du savoir asiatique un peu au-delà de sa limite naturelle. S’il est nécessaire ou convenable de donner à notre Société une courte épithète pour la distinguer dans le monde, celle d’Asiatique paroît à-la fois classique et juste, soit que nous considérions le siége

  1. اسان est le nom que tous les Orientaux donnent à la vaste étendue de pays désignée par les Européens sous le nom de Perse. Voyez le Discours sur les Persans, tome II, page 70 et ma note, p. 70-71. (L-s.)