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NOTES.

Râm, affligé à l’excès, passa toute la saison des pluies sur une montagne, ayant contracté une étroite amitié avec la race des singes, et nommé leur chef Hanouman[1], fils du Vent, pour commander l’armée qu’il venoit de lever ; comment ils découvrirent le berceau d’asocaî[2] où Sîta étoit prisonnière ; comment ils construisirent sur la mer un vaste pont d’où Hanouman sauta dans l’île, consola la fidèle Sîta, et mit le feu aux jardins de Râvan, qui fut défait et tué par Râm dans une bataille furieuse ; enfin, comment le divin conquérant retourna dans sa patrie, rendit la joie à ses habitans désolés, conféra de grands honneurs aux doctes Brahmanes, traita son précepteur Bâsicht avec tant de respect, qu’il but l’eau dans laquelle il avoit lavé les pieds de ce mouni, et instruisit l’humble Bhârt dans la science céleste ; comment les râny[3] et les nobles vierges, après avoir baigné l’aimable Sîta, la parèrent de joyaux inestimables, et lui offrirent de saint caillé dans des bassins d’or, couronnés de branches de toulsy ; comment les princes des singes et d’autres animaux belliqueux prirent les plus belles formes humaines ; comment les hommes de tout Tang, qui accouroient en foule au palais, oubliant leurs foyers, comme les personnages pieux oublient leurs ennemis, se réunirent pour chanter les louanges de leur roi, pendant que du haut du ciel les dieux faisoient pleuvoir des fleurs sur l’assemblée ravie.

Ô monarque de l’air, ajouta la corneille, tu fus témoin des fêtes et des divertissemens qui eurent lieu, lorsqu’il reçut la marque sacrée de vermillon et monta sur le trône avec Sîta, et tu fus transporté d’une pieuse joie ; car Brâhmah, Mahâdéo, Nâred et d’autres divinités les accompagnoient, et tu n’aurois pas voulu être absent dans une occasion aussi signalée. Pendant le règne de Râm, aucune terreur n’alarma ses adorateurs ; aucune affliction ne déchira leur sein : tout fut amour, piété, concorde ; le nom de vice étoit inconnu, ou on ne l’entendoit pas prononcer. Personne n’étoit infirme, ignorant ou malheureux ; des boissons douces et salutaires découloient de chaque arbre, des fleurs qui ne se fanoient point sourioient sur chaque tige, et de beaux fruits sans cesse renouvelés pendoient à chaque branche. Un vent doux et frais souffloit sans interruption ; les oiseaux charmoient toutes les forêts par une mélodie aérienne, et les animaux des espèces les plus opposées vivoient ensemble dans une parfaite amitié, qui alloit

  1. Le même que le dieu Pan. Voyez, ci-après, ma note, page 279. (L-s.)
  2. La Jonesia du D.r Roxburgh.
  3. Les princesses, les reines : ce mot sanskrit est le féminin de râdjah. (L-s.)