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NOTES.

M.  Hamilton reconnoît bien la ressemblance qui existe entre les attributs généraux de Pârvadî et de son fils Cârtiguêya et ceux de Junon et de Mars ; mais comme Junon n’a rien de guerrier, M. Jones est obligé de lui associer Pallas, qu’il découpe ensuite pour en former Saresouatî, déesse des arts, de la littérature et de la musique. Ici encore, comme dans bien d’autres circonstances, le parallèle manque de justesse. Des polythéistes peuvent bien avoir une déesse des armes et de la science ; mais, lorsque ces attributs sont divisés par d’autres, il n’y a plus moyen d’établir ces rapprochemens.

(96) Cârtiguêya, Coumara ou Soubramanya, est le troisième fils de Sîva, que le P. Paulin regarde comme l’emblème du soleil. Cârtiguêya est, selon lui, l’Hercule indien, qui naquit de Pârvadî, épouse de Sîva. Elle le conçut en l’absence de son mari, soit par un adultère, soit par la force de ses propres désirs. II eut pour nourrices et pour institutrices six étoiles. Le muséum de M. le cardinal Borgia renferme une figure de ce dieu en bronze : il est assis sur un paon, et a six têtes. Soubramanya est le nom propre du dieu dont il s’agit ; Cârtiguêya, une de ses épithètes, qui indique les services qu’il a reçus de l’étoile Cârtica, l’une des vingt-sept mansions que parcourt la lune chaque mois. Celte étoile se trouve en effet indiquée dans le Voyage de Sonnerat, tome page voy, édit, in-4o, et dans le catalogue donné par les Indiens (ci-après, tome II, p, 338) : nouvelle preuve, dit le P. Paulin de Saint-Barthélemi, que tout le système de la mythologie brahmanique repose sur une base purement astronomique, et que chez les Brahmanes, aussi-bien que chez les Chaldéens et les Persans, le sabéisme originel a dégénéré en idolâtrie. Cette opinion n’est point du tout celle de mon ami M. Alexandre Hamilton. II pense que cette mythologie est purement figurative de la puissance et des attributs divins. Cârtiguêya se nomme encore Gouha [né d’un antre]. Gouhya signifie la matrice de la femme, parce que ce dieu naquit ou vit la lumière dans le même accès voluptueux où Pârvadî sa mère le conçut : de Ik, sans doute, cette ancienne fable grecque qui fait naître Hercule dans un antre de Scythie, et qui place aussi sa mère dans un antre. Enfin un autre surnom de Cârtiguêya, non moins remarquable que les précédens, est Skanda, mot qui indique la célérité de la marche, l’action de précipiter ses pas, parce que ce dieu fait rapidement la revue de son armée céleste ; il est monté sur un paon couvert d’yeux, pour indiquer que la vigilance et la célérité doivent être les qualités essentielles d’un général. Skanda, dit le P. Paulin, est donc une divinité