Page:Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, tome 1.djvu/421

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
NOTES

être incomparablement plus vaste et plus magnifique que Tanis, dont Josephe et d’autres anciens auteurs ne patient que comme d’une ville médiocre. Ces ruines portent aujourd’hui le nom de Ssân صان ; le géographe arabe Chéryf Edrycy les nomme Ssâh صاه : j’ignore la cause de cette légère différence dans la dénomination du même lieu. Au reste, le premier de ces mots se rapproche beaucoup du Tsòân hébreu : le second paroît avoir été hellénisé dans le mot Saïs [Σαις] ; et je crois avoir pour appui de mon opinion le savant major Rennell, qui, ne connoissant encore que l’orthographe de l’Edrycy, a dit (dans son Geographical System of Herodotus, p. 529 et 531) : « Sah (lisez Ssâh » صاه) est l’emplacement de l’ancienne Saïs. »

Cette ville, dans laquelle les Pharaons firent long-temps leur séjour, et où naquit celui que les Grecs nomment Amasis, renfermoit de magnifiques monumens, comme on peut en juger par les ruines encore subsistantes à Ssân. Nous savons qu’il y avoit un temple fameux consacré à Néïtha, divinité égyptienne, qui avoit tant de conformité avec la Minerve des Grecs, que Platon (in Timœo) a prétendu que c’étoit la même divinité ; et cette opinion a été adoptée par tous les écrivains grecs et latins qui lui sont postérieurs. Une circonstance qui semble donner un nouveau degré de probabilité à cette opinion des anciens, c’est le nom de Saïs, que l’on soupçonne avec beaucoup de fondement devoir son origine au ϫⲁⲓⲑ djaïth qobthe, qui signifie de l’huile ; זית zeit en hébreu, et زيت en arabe. L’olivier étoit, comme on sait, consacré à Minerve chez les Grecs. Malgré ces rapprochemens, le docte Jablonski persiste, d’après plusieurs motifs savamment déduits dans son Pantheon Ægyptiorum, t. I, p. 63-68, à croire que Néïtha a bien plus de conformité avec Vulcain qu’avec Minerve, 1.° parce que, comme Phtha, ou le Vulcain égyptien, elle réunissoit les deux sexes : voilà pourquoi, suivant Horus Apollo (Hieroglyph. lib. I, cap. 12), Minerve étoit représentée sous l’emblème du scarabée, et Vulcain sous celui du vautour ; c’étoient les seuls dieux qui fussent à-la-fois du sexe masculin et du sexe féminin. 2.° La célèbre inscription du temple de Saïs, rapportée par Plutarque, et dont parle ici M. Jones, est une autre preuve que Jablonski allègue en faveur de son opinion : Ἐγὼ ἔιμι πᾶν τὸ γεγονός, καὶ ὂν, καὶ ἐσίμενον · καὶ τὸν ἐμὸν πέπλον οὐδείς πω ἀπεκάλυψεν. JE SUIS TOUT CE QUI FUT, EST ET SERA ; ET NUL ÊTRE N’A ENCORE LEVÉ MON VOILE. Cette inscription, dit-il, si elle est véritablement