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Histoire et Critique.

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d’un plagiat : les poètes persans empruntent sans scrupules l’un i l’autre des pensées et des ex|)ressions, mais ils ne volent pas des poésies toutes faites. Il serait aussi presque

incroyable, que Omar eût pillé ses prédécesseurs avec aus.si peu de ménagement, qu’il se fût a})proprié p. ex. un quart de la petite collection de quatrains d’Avicenne qui nous reste, et que tous les poètes ])0stérieurs à ’Omar, poètes mondains et religieux sans ditférence, l’eussent pillé de préférence à leur tour, même des poètes tels que ’Attar, Rûmî et Hâfi ? qui savaient bien eux-mêmes faire des vers. Heureusement,

nous pouvons constater avec certitude, dans quelques cas, que la confusion est due aux copistes. Avicenne a écrit le quatrain suivant : Par la grâce de Dieu, je suis devenu un saint homme, et je suis devenu libre de ce qu’il j’ a de bon et de mauvais en moi. Là où est ta grâce, ce qui n’est pas fait est comme s’il avait été fait, et ce qui est fait est comme s’il n’avait pas été fait. A quoi Abu Sa’ïd a répliqué :

O toi qui n’as pas fait de bien, et qui as fait du mal, et qui es devenu libre grâce à toi-même ! Ne te fie pas à la grâce [de Dieu], car jamais ce qui n’est pas fait ’ne sera comme s’il avait été fait, ni ce qui est fait comme s’il n’avait pas été fait ’ .

Ces deux quatrains figurent dans les Rubâ’iyât de ’Omar Hayyâm : Nie. 379 (Whinf. 420) et Nie. 361 (AVbinf. 406). Sirâg-ed-din Qumri est l’auteur de ce quatrain : Je boi.q du vin, et c’est une chose sans importance aux yeux de quiconque est comme moi un homme raisonnable. De toute éternité, Dieu a su que je boirais du vin ; si je n’en buvais ])as, la prescience de Dieu ne serait que de l’ignorance. Un autre })oète,

’Izz-ed-dïn Karagî, protesta contre lui en ces termes :

Tu as dit : «Le péché est sans importance à mes yeux» : un homme raisonnable ne proférerait pas ce raisonnement. Aux yeux des sages, c’est un signe d’ignorance que de rendre Dieu responsable du péché’.

Sitzungsberichte d. konigl. bayr. Akad. d. Wiss. 1878, II, p. 53.

Le Tanh-i guzida, ./RAS. 1900 fp. 7r)6, et 1901 (p. 3).