Page:Reclus - Étude sur les dunes, 1865.djvu/15

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impétueux qui souffle de la mer. Du reste, on peut se rendre compte de tous ces phénomènes en étudiant les petits renflements de sable ou dunes en miniature qui se forment par milliers sur les plages marines.

En Europe, les plus hauts monticules de sable se trouvent sur le littoral des Pays-Bas et sur les côtes atlantiques de la France. Sur le littoral des landes de Gascogne, auquel les vagues de la mer apportent chaque année 6 millions de mètres cubes de sable[1], un très grand nombre de dunes dépassent une élévation de 76 mètres ; il en existe même une, celle de Lascours, dont la longue croupe parallèle au rivage de la mer atteint en plusieurs endroits 80 mètres et dresse son dôme culminant à une altitude de 89 mètres. Il est vrai que cette hauteur semble marquer en France l’extrême limite ascensionnelle des sables, car les rangées de dunes parallèles situées à l’est de la dune de Lascours sont beaucoup moins élevées. On serait tenté d’admettre qu’après être arrivées à cette grande hauteur, les nappes inférieures du vent d’ouest, comprimées par les masses d’air plus élevées, n’ont pas la force d’impulsion nécessaire pour faire monter encore les molécules de sable et sont obligées de redescendre vers les plaines de l’intérieur en écrêtant les collines précédemment formées. En Afrique, sur les plages basses où l’Océan vient affleurer le grand désert de Sahara, l’énorme quantité des matières arénacées que les vents d’est amènent du désert et sans doute aussi des conditions atmosphériques bien différentes de celles

  1. Laval, Annales des ponts et chaussées, 1842.