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de la France, permettent aux dunes du Cap Blanc d’atteindre une élévation de 200 mètres.

Aux yeux d’un touriste habitué à l’escalade des Alpes et des Pyrénées, ce sont là de bien humbles sommets ; pourtant ces hauteurs de sable prennent l’aspect de véritables montagnes, et leurs chaînes, disposées parallèlement à la rive comme des rangées d’énormes vagues, semblent constituer tout un système orographique. Leurs talus hardis, leurs vives arêtes taillées comme au ciseau, la forme rythmique de leurs cimes, l’harmonie générale de leurs contours, sans cesse modifiés au gré du vent, leur donnent une étonnante apparence de grandeur. La ligne de base parfaitement unie qu’offre le rivage de la mer aide également à l’illusion par le contraste, et contribue à l’aspect grandiose de ces blanches collines. Le vieux nom celtique des dunes (dun), qui signifie montagne, prouve que nos ancêtres avaient été singulièrement frappés de leurs formes hardies.

En gagnant incessamment sur les plaines de l’intérieur, la dune mobile engloutit sans les détruire tous les objets solides, pierres, rochers, troncs d’arbres ou demeures humaines : parfois même elle recouvre des mares d’eau tout entières et les fait disparaître pendant quelque temps sous la base inclinée de ses talus. Lorsque le sable apporté par le vent tombe avec régularité sur la nappe d’une eau dormante et couverte d’écume visqueuse, il forme souvent une couche ténue voilant complètement aux regards l’eau qui le porte. Cette couche peut même devenir assez solide pour rester en équilibre lorsque le niveau de la mare baisse au-