Page:Reclus - Examen religieux et philosophique du principe de l’autorité.djvu/14

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que ce rien a revêtu lui a été donnée par une volonté autre que la sienne. Que lui reste-t-il pour valeur personnelle ?

Or, quels sont, vis-à-vis de la Toute-Puissance, quels sont les droits du néant ?

XVII. N’étant pas la cause de sa vie, de son principe intérieur, il est encore moins le créateur des choses extérieures qui lui peuvent arriver. Si le germe ne vient pas de lui, tous les développements du germe seront choses indépendantes de sa volonté.

Ce qui veut dire que le fait suprême est celui de la Prédestination.

XVIII. La raison de la prédestination ? — Mais il n’y en a pas, et il ne doit pas y en avoir. La prédestination, c’est le fait pur, isolé de toute considération de justice et de moralité.

Si un enfant meurt en naissant, et par un accident quelconque, n’a pas reçu les eaux du baptême, c’est qu’il est prédestiné au malheur. Le cardinal Séfrondate, homme modeste et pieux, avait espéré que ces pauvres innocents n’iraient pas au lieu des supplices, mais Bossuet, le dernier père de l’Église, le terrassa :

« Sentiment bas et énervé, qui détruit la force de la piété, nouveauté étrange, erreur détestable, langage inouï qui nous frappe d’étonnement ! »

« La damnation des enfants morts sans baptême est de foi constante dans l’Église. Ils sont coupables, puisqu’ils naissent sous le courroux de Dieu et dans la puissance des ténèbres. Enfants de colère par leur nature, objets de haine et d’aversion, précipités dans l’enfer avec les autres damnés, ils y restent éternellement sous l’horrible puissance du Démon. »