Page:Reclus - Examen religieux et philosophique du principe de l’autorité.djvu/28

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XXXVI. « Choisissez votre gouvernement, » dit la liberté relative aux membres de l’État et de l’Église. « Mais restez-lui fidèle, » ajoute l’autorité relative.

Ce gouvernement une fois établi tant bien que mal, veut, par la logique même des choses, réaliser l’idée du gouvernement, c’est-à-dire gouverner de plus en plus. La liberté relative, à son tour, veut, non moins logiquement, être libre de plus en plus.

La lutte est donc en permanence ; depuis qu’il y a des gouvernements et des gouvernés, il y a hérésie religieuse et révolte civile. Tout naturellement, le pouvoir comprimera donc de plus en plus, comme la liberté réagira de plus en plus. Or, la force de compression d’un côté, celle de répulsion de l’autre, tendent au même but : rompre l’union existante.

L’ancien gouvernement sera donc renversé, on en élèvera un autre, et la lutte n’en sera jamais que plus violente ; car il faut que l’autorité relative réduise la liberté relative, que la liberté relative détruise l’autorité relative.

XXXVII. Si l’autorité absolue n’est qu’un fait, à bien plus forte raison en est-il de même pour l’autorité relative qui n’est qu’un compromis entre deux principes, qui n’est donc que leur limitation, leur négation mutuelle.

L’autorité relative se dit le juste-milieu entre l’autorité absolue, qu’elle nomme despotisme, et l’entière liberté qui ne lui est que licence.

Le juste-milieu étant le système de la mesure, en veut à tout ce qui marche trop à droite ou trop à gauche, car dès que les deux partis vont aux extrêmes, l’union se brise, le dualisme des volontés étant irréductible. Donc, si un pouvoir entendait ses intérêts, il ne serait que le