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GÉOGRAPHIE.

près identique au hollandais, passe à quelque distance au midi de Bruxelles : toutefois, beaucoup de Bruxellois ne parlent que le français, et tout le monde le comprend dans cette ville et dans ses faubourgs : surtout dans ceux qui touchent le haut Bruxelles, comme Elsene, Schaarbeck, Saint-Josse-ten-Node.

Sur les champs de bataille de Waterloo, à 15 kilomètres au sud de la métropole belge, on voit les noms flamands, tels que Waterloo même, côtoyer les noms français, comme Planchenoit, Mont-Saint-Jean, la Haie-Sainte et Belle-Alliance ; c’est que la séparation des deux langues se fait sur ces collines pleines de morts. Que de Waterloo l’on tire une ligne à l’ouest vers l’endroit où la Lys, affluent de l’Escaut, quitte les Français pour les Belges ; qu’une autre ligne aille aux lieux où la Meuse passe des Belges aux Hollandais, on aura divisé de la sorte le petit, mais riche royaume en deux parts : la part des Flamands au nord, la part des « Franquillons »[1] au sud. Celle-ci est la plus grande, mais les monts, les coteaux, les plateaux qui la composent, ont en moyenne un climat plus rude, un terrain moins gras que la campagne flamande : aussi n’y a-t-il guère que 2 300 000 Wallons sur près de 5 millions et demi de Belges. Par contre, très peu de Wallons parlent flamand, tandis que 300 000 à 350 000 hommes de langue flamande et 20 000 de langue allemande parlent français ; le va-et-vient entre la Flandre flamingante[2] et les villes industrielles de notre Flandre à nous, où des centaines de milliers de Belges s’entassent dans les usines, augmente chaque jour le nombre des Nederduitsch[3] francophones. Dans le duel entre les deux Belgiques, les Flamands se croient vainqueurs, depuis que des poètes, des historiens, des ro-

  1. Nom que les Flamands donnent aux Wallons, avec une pointe d’ironie.
  2. Ce mot veut dire, qui parle flamand.
  3. Bas-Allemands.